Chapitre 7 : Pluie de cendre

Calarva frappa si fort du poing sur la table que les multiples apéritifs cramoisis jusque là docilement rangés dans de petites coupelles s'éparpillèrent sur le bois vernis.

- Par Djaul ! Je veux sa tête !

Le messager bontarien, solidement encadré par deux gardes, priait son dieu, dans l'espoir futile de sortir vivant de cette mission suicide.

- Que dit la suite du message?

Le gobelin souleva ses yeux globuleux de sa table de script et articula :

- Que le dénommé Erinyes ne sera probablement plus un problème au moment où nous recevront cette lettre, messire. Et que… ils nous souhaitent bien du courage avec nos propres soucis.

Le chef des armées relut la liste de nom en ralentissant sur les cinq qui lui étaient familiers. A n’en pas douté, c’était de la trahison dans la plus pure tradition brakmarienne : sournoise, silencieuse et profitable. Du bon boulot… si cela n’avait coûté si cher à l’armée. Quelle ignominie ! Des Brakmariens exécutant les basses œuvres de ces maudits emplumés ! A défaut de laver l’insulte par un massacre de Bontariens, il se contenterait par remettre les fauteurs de troubles dans le droit chemin… de la fosse commune.

- Organisez moi de petites exécutions discrètes ... Que cela ait l'air de larcins ou de broutilles habituelles... De braves soldats victimes de leur chère cité….

Le scribe nota les ordres avec application.

- ...On a assez de pagailles dans cette ville pour ne pas en rajouter...

Le regard de Calarva croisa celui, supplicié, du messager.

- Et jetez moi ça dans les douves, qu'on n'en parle plus...

Le faciès poilu du Sadida, maître suprême des forces armées de Brakmar, se tourna vers la fenêtre d'ou l'on apercevait le torrent de lave qui ceinturait la ville. Son bâton se rompit sous l'effet de sa rage, lui écorchant les paumes.

- Saleté d'Erinyes... Si seulement je pouvais t'avoir entre mes mains...

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