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Chapitre 4 : Fièvre du jeu


La veille au soir, quelque part à la lisière de la forêt entourant le village des Brigandins.

- C’est complètement fou comme mission ! C’est du suicide pur et simple !

- Mais avec cette prime ! Imagine ! Jamais en toute une vie nous n’en obtiendrons autant. Avec cela, même en le répartissant entre nous tous, il y aura assez d’argent pour que nous puissions vivre comme des princes. Finie la garde, terminés les petits contrats miteux !

- Tu t’emballes là… Avant de penser à la prime, il y a la mission à remplir, et pardonne moi, mais ça ! Assassiner un seigneur de Bonta, c’est autre chose qu’une promenade de santé !

- Depuis quand as-tu des scrupules ?

Sous le couvert des arbres immenses, alors que la lumière du jour déclinait lentement, les deux ecaflips s’entretenaient à voix basse, elle Gamesh, noire comme la suie, théoriquement au service de Bonta, et lui Seras, couleur de ciel d’orage, servile guerrier de Brakmar la sombre. Tout les séparaient, tout aurait du les pousser à s’entretuer, mais plus que l’argent, une volonté les faisait coopérer et s’apprécier mutuellement. L’entente n’empêchant pas le désaccord, la discussion était assez tendue ce soir-là.

- A moins que ce ne soit pas des scrupules ! Après toutes ces années, tu ne peux pas t’empêcher de rester loyale à ces…

- Arrêtes ! Tu sais bien que je me fiche de leur vie comme de ma première griffe ! C’est juste que c’est totalement fou comme mission !

- Tu t’attendais à ce qu’on nous demande d’aller cueillir des fleurs ! Bon sang, pense un peu à tout ce fric ! Ne me dis pas que tu es morte de peur ? Ca sera un magnifique coup de bluff, le plus grand coup de toute notre carrière !

Gamesh s’était arrêtée nette en entendant ces paroles, elle pensait avoir deviner ce que cette discussion en apparence stérile cachait.

- Tu as accepté ce boulot n’est-ce pas ? Sans demander l’avis des autres, sans me demander mon accord ! Tu es inconscient ou quoi ?! Tu sais ce que l’on risque si ça dérape ?

- La vie est un jeu constant et monotone si on ne sait pas prendre de risque. J’en ai assez de plier l’échine devant nos chers dirigeants, je veux vivre libre, et c’est l’occasion rêvée. Libre à toi de me suivre ou pas… Je ne te demande pas de le tuer, je veux simplement que tu me fasses entrer dans Bonta, de manière plus sûre que si je devais m’infiltrer par les moyens habituels. Tu peux bien faire ça non ? Ou es-tu trop lâche pour simplement te mouiller le bout des pattes ? Si tu préfères, je vais voir quelqu’un d’autre, et pourquoi pas Erinyes directement ? Qui se fera un plaisir d’accepter, j’en suis persuadé.

Gamesh ne répondit pas à l'attaque. Trop d'informations se bousculaient dans sa tête : montant de la prime, risques éventuels ... La balance penchait du coté d'un refus sans appel, se faire prendre a ce petit jeu pouvait mettre en péril toute l'organisation même de la milice d'Enyries. Sa foi en son meneur luttait contre sa nature joueuse. Une telle somme valait certes le risque encouru, mais il était certain qu'un échec aurait des retentissements désastreux. C'était la première fois qu'on leur adressait une demande visant un ancien client, d'Enyries lui même par dessus le marché! Si Seras n'avait pas cité le nom de leur mentor à cet instant, il est fort probable que Gamesh n'aurait jamais accepté une telle proposition. Cette seule mention fit un effet de contrepoids radical. Gamesh se sentit gagnée par l'appât du gain, par le risque ... par le jeu. Elle résista néanmoins encore un instant, pour ne pas donner a Seras la satisfaction de l'avoir fait céder trop facilement.

- Erinyes… Erinyes… Ne serais-tu qu’un pauvre chaton apeuré pour vouloir son aide, que dis-je sa protection ?! Allons, nous sommes bien assez grands pour nous débrouiller par nous même !

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