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Sur un air mélancolique (Juissidor 655) *

(Elystrae / Cyric / Maitre-Picoleur / Suuchine)

Ce petit RP avait été ouvert histoire de fêter la flute que j'avais remporté sur le serveur Mylaise.

 

Une longue journée s'achève dans la moiteur de la lisière forestière. Au loin, les tambour pandawiens tonnent comme un orage ombrageux, mais étouffé par une atmosphère chargée d'une humidité qui ne demande qu'à inonder les frondaisons des bambous. Soudain perce une douce mélodie, quelques strilles aiguës volent vers ce ciel menaçant. Pourtant, aucune joie n'habite cette musique, elle n'évoque pour son auteur qu'un souvenir triste, qui ne s'effacera jamais.

Lentement, la jeune sacrieuse reposent la petite flûte sur la natte noire et blanche couvrant le sol de sa demeure. La victoire lui laisse un goût amère, une seule présence aurait suffit à l'illuminer de bonheur.


- A toi, maman...

 

Non loin de la demeure, reposant assis contre un grand arbre, un Pandawa d’une trentaine d'année avec un blason Opossum cousu sur son foulard observe la disciple de Sacrieur par la fenêtre. La musique qu'elle joue lui rappelle ses années passées.

- Elle ressemble tellement à sa mère...

Pico entendit un craquement proche de lui. Il n'était vraisemblablement pas le seul à écouter cette petite jouer de la flûte. Non en effet il n'était pas seul... Quelqu'un d'autre écoutait la mélodie chargée de mélancolie. Une sacri s'approcha de lui, son visage marqué par la tristesse, mais également par un immense respect. Celui que lui inspirait cette sacrieuse légendaire qui les avait quitté beaucoup trop tôt.

- Comme tu dis Pico, elle lui ressemble sacrément... Elle dégage la même aura, peut être un peu plus calme...

La sacri aux cheveux de feu avait connu Khyrra dans sa jeunesse, et elle avait très mal vécu la perte de son modèle. Une larme unique roula sur sa joue, et avec elle la brise de Sacrieur, comme pour rendre un dernière hommage à sa disciple disparue, souffle tendrement dans les cheveux de Suuchine...

 

- Non mais sérieusement, c'est quoi ces lopettes ?

Cyric, Sacrieur de son état, venait de faire irruption derrière des les deux témoins en larmes devant les trois pauvres notes dédiées au cadavre de feu sa mère, partie en lui laissant de quoi vivre comme un prince.

- Vous voilà là, en train de chialer pour deux notes... Est-ce que je chiale moi hein ? Vu la façon dont elle joue, y'a de quoi, ça tuerait un chacha...

Cyric dépassa les deux personnes transies d'une tristesse sentant le moisi et ouvrit d'un coup de pied la porte.

- Salut la sœur, c'est moi, Cyric, le journaliste et grand maître Erinyes, par héritage !

 

Suu reconnut rapidement l'intrus, oui Khyrra aussi avait ce genre de réaction, il ne pouvait pas non plus la renier... Cette violence commune à tous les enfants de Sacrieur, mais qui s'exprimait parfois plus fortement chez certains. Cette même violence que Pico venait de manifester, et qui une fois de plus, lui rappelait à quel point son ami Déhache lui manquait...
C'était par lui qu'elle avait "découvert" les Aphya... Lui aussi, bien trop tôt disparu...

"Mais à quoi je pense, arrête un peu avec les sentiments, tu te ramolies ma pauvre Suu!"

Elle imagina alors Khyrra, la trouvant en train de se morfondre et visualisant la baffe, sourit. Pico mit quelques secondes à réaliser la façon dont venait de lui parler Theo, le fils de son ami Eorhlinghas. Son visage affichait une colère, certes faible, mais là. Il se tourna vers Suuchine qui le regardait d'un air désespéré.

- Oui, Suu, je sais, tu n'aimes pas quand je me mets en colère, parce que ça te rappelle DeHach', patati, patata... Il m'a appris à être comme lui, et c'est pas après toutes ces années que je vais changer.

Il se dirigea alors vers la maison.

"C'est réellement à moi qu'il vient de parler ? Fils de Iop, tu vas voir ou je vais t'le mettre ton "Grand Maître Erinyes"..."

Il entra, sans frapper, prévenir, comme un voleur.

- Theo ?! Viens voir tonton !!

Il se tourna alors vers la sœur de celui qu'il cherchait, qui avait l'air complètement perdu.

- Ah, tient, salut Ely'. Euh... désolé d'être entré de la sorte, je ferai mieux la prochaine fois.

 

Sa mère... elle l'avait si peu connu, les trois premières années de son existence, et encore, de manière très sporadique. Autant dire qu'elle ne la connaissait que par ce que les gens lui en disaient et le journal intime qu'elle lui avait laissée.

Ely essayait de se remémorer cette époque si lointaine, lorsque l'irruption de son frère la fit sursauter. Elle avait pourtant l'habitude de le voir débarquer à l'improviste, ou cacher dans un coin d'ombre près à lui sauter dessus dès qu'elle passerait la porte de sa maison. Mais aujourd'hui, elle était tellement perdue dans ses souvenirs qu'elle n'avait rien vu venir.


- Par Sacrieur! Cyric, tu veux me coller une attaque?!

Elle remarqua alors l'intrusion de Pico. Conformément aux directives de Khyrra, Eorh avait protégé sa fille au point de lui interdire tout contact avec les anciens confrères de sa femme. Aussi ne savait-elle rien des Aphyas, à part quelques mentions glanées de-ci de-là.

- Et c'est qui lui?

 

- Un paumé qui prétend être mon oncle. C'est un paumé qu'un ami paumé du vieux a recueilli. Il se croit assez grand pour oser m'appeler par l'ancien nom.

Cyric regarda la maison, et posa son regard sur sa sœur.

- Tiens, à propos de Pandawa collant et odorant, où est donc ton fiancé ? Il s'est remis de ma visite nocturne ? Je n'ai jamais vu quelqu'un de mâle crier aussi bien dans l'aigu, peut-être le regretté père adoptif de celui là.


Dit il en désignant de la tête le pandawa furieux.


- Me serviras-tu à boire, petite sœur ?

 

- Un ami du vieux? De ceux qu'il estime infréquentables pour moi.

Une lueur avide s'alluma dans ses yeux. C'était une occasion inespérée de satisfaire sa curiosité si longtemps étouffée par son père et d'en fin connaitre une autre version de l'histoire de sa mère. D'un geste, elle invita les deux hommes à prendre place autour de la table et partit fouillé dans un placard à la recherche d'un quelconque breuvage.

- Malheureusement, je n'ai rien à t'offrir qui te satisfasse frangin, mais il me reste un fond d'alcool de riz et j'ai du pain fraîchement cuit et un peu de viande de bouftou séchée.

Elle posa le tout devant ses invités.

- Et en ce qui concerne Dhyo, je ne l'ai pas revu depuis que tu as voulu te repaître de lui. J'ai peu qu'il ne cuve sa frayeur au fond d'un tonneau de pandapills... Tu pourrais faire preuve d'un peu de civilité de temps en temps. C'est pas un mauvais bougre.

 

- Ouais, mais il est couard, et il sent mauvais.

Cyric dévora à l'aide de ses crocs la viande de bouftou, il la mâcha longuement et sortit une flasque de son baluchon et en bût goulûment. Il chassa avec sa langue le liquide carmin sur sa bouche.

- Si tu as une rivale -je préfère les demoiselles - a éliminer, n'hésite pas. Une certaine Adrénalyne, non ?

Il s'allongea depuis le coussin, sur le sol pavé de planches de bambou, appréciant le contact froid sur sa peau blanche brûlée à un degré inimaginable, psychologiquement du moins.

- Vas-y Picot'chou, présente toi à la fille de Khyrra, encours la mort dans d'horribles souffrances quand le vieux sera de retour. J'aimerais être une petite souris pour voir ça !

 

Pico comprit alors qu'il ne devait pas parler des Lames à Elystrae.

- Euh... Et bien, j'ai rencontré Eorhlinghas il y a bien longtemps... dans ... euh ... une Taverne ! Oui, c'est ça, il m'a dépanné pour une bière dans une Taverne ! Sacré Eorh, toujours là pour me filer des sous, hein ? héhéhé...

Il se força à rire et regarda Cyric, un peu déboussolé.

 

- Oh? Seulement une autre histoire d'alcoolique?

Ely était déçue. Si le panda n'était qu'un énième compagnon de beuverie de son père, il n'avait qu'un intérêt limité à ses yeux. Quand on avait vu un ivrogne, on les avait tous vu, et elle savait de quoi elle parlait vu les potes de son fiancé.

- Ca devait être un bon jour alors, parce que le vieux a rarement les poches pleines de fric. D'ailleurs, ça fait un moment que je ne l'ai pas vu, il devient quoi?

- Boarf, il erre en se demandant ce qu'il a fait aux dieux pour que le destin lui soit si cruel. Il aura tenu sa promesse pour que tu vives heureuse mais il pleure l'ancienne avec tout ce qui lui reste de forces... Faut dire qu'elle l'a pas vraiment épargné au cours de sa vie

Cyric se souvient fugacement des moments passés en plein conflit avec ses parents puis changea de sujet subitement.

- Alors, tu deviens quoi toi ?

- Depuis que le vieux m'a pété son câble l'autre jour, en m'interdisant de fouiller dans le passé, et que je suis venue m'installer à pandala, rien n'a vraiment changé. j'essaye toujours de comprendre pourquoi maman est morte, et ce que je fais là.

Elle revenait involontairement sur le sujet que Cyric cherchait à esquiver. S'en rendant compte, elle lui adressa un sourire contrit, mais c'était plus fort qu'elle, il fallait qu'elle sache.

- Je t'envie, tu l'as connue plus que moi, je n'ai plus que de vagues souvenirs et dès que j'aborde le sujet à la maison, je n'ai droit qu'à la même sérénade. J'ai beau chercher, je n'arrive pas à mettre la main sur des gens qui l'ont cotoyée et qui veulent bien en parler. parfois, j'ai l'impression qu'elle était un monstre et qu'il vaut mieux l'oublier...

- C'était un peu exagéré... Si elle avait été un monstre elle aurait plaqué le vieux a chaque ambition qu'elle aurait eu, prenant dans le même coup des tas d'amants au point de ne plus savoir avec qui elle était mariée...

Cyric rit, il se sentait pousser des ailes : il avait survécu a Khyrra et volé une grande partie de son empire en récupérant son héritage.

- Ces détracteurs, qui ne la connaissait pas répandaient de telles rumeurs, il suffit de savoir que le vieux est resté avec elle jusqu'à la fin, pour en déduire que ces rumeurs étaient fausses. Ces rumeurs correspondent plutôt a sa soeur...

- Quoi, t'as aussi un problème avec ta tante ?

Pico semblait surpris. Tayuuya, la soeur de Khyrra, qu'il n'avait que peu connu, et qui lui semblait amicale, était aussi en conflit avec Cyric ?


- T'aimes personne, toi. Comme tes parents, en fait, ça m'étonne pas. Est ce que toute la famille est frappée par ce trait de caractère ou est ce que tu fais exception, Elystrae ?

Ely ne put s'empêcher de rire.

- C'est bien connu que mon frère n'aime personne à part lui-même. Qui serait digne de l'attention du plus grand vampire d'Amakna et d'ailleurs?

Elle adressa un clin d'œil au dit vampire, toujours souriante. La sacrieuse avait beau chambrer son frère, et même s'ils n'avaient qu'un demi sang en commun, elle l'adorait, sans même se rendre compte que la réciproque n'était pas forcément vrai. Malgré ses ingérences et ses tentatives d'élimination de ses différents soupirants, elle ne pouvait lui tenir rigueur bien longtemps de ce qu'elle considérait comme des manies de grand frère protecteur.

- Cyric considère que notre tante lui a volé notre mère, à l'époque où Khyrra devait s'occuper de sa soeur bien plus que de son propre fils. Je n'en ai pas le souvenir, mais j'ai l'impression que maman n'a jamais su ce qu'instinct maternel signifiait. Peut être n'était-elle pas destinée à élever des enfants...

- Notre tante était un gros bébé insatisfait qui a insulté la mémoire de notre mère en la dépouillant de ses biens. Elle m'a clairement affiché son intention de nous ravir la mémoire et les subsides que notre mère nous avait laissé...

Cyric se massa les poignets, contrairement a son discours sur sa mère, il pensait clairement et totalement ce qu'il avait dit. Tayuuya n'avait eu guère d'attention pour Khyrra une fois que celle ci l'avait émancipée.

- Je te remercie d'avoir fait connaitre à Pico mon titre de plus grand vampire d'Amakna et du monde entier, tu es bien ma soeur, mais n'espère pas prendre ma place héhé.

Voila la plus grande peur de Cyric, qu'on lui prenne les places qu'il se damnait a creuser en trahissant, tuant et complotant. Cependant, son visage mort lui autorisait que ses émotions ne fussent que très peu remarquées.

- Mais arrête un peu de baliser, jamais je n'essayerais de prendre ta place, je préfère largement me faire la mienne. Je te laisse de bon cœur le rôle du grand Cyric cynique, égocentrique et mauvais. t'es parfait dans le rôle du méchant. Moi, je serais la gentille et innocente petite soeur.

Elystrae rit, mais le peu de cohésion au sein de la famille la mettait mal à l'aise, et ce d'autant plus qu'elle avait quitter la demeure familiale en claquant quelque peu la porte.

- Et puis arrêtes de t'acharner sur notre tante, maman ne nous a pas laissé sur la paille non plus, loin s'en faut. On n'a plus de nouvelles d'elle de toute façon, alors ça sert à rien de ressasser. T'as eu ta part d'héritage de toute façon, surtout celle que tu convoitais le plus. "Fils du dernier grand maître Erinyes". Ca en jette mais je ne vois pas trop à quoi ça peut bien te servir. Ils sont tous dispersés ou mort et c'est tout juste bon pour se faire tuer que de vouloir les ressusciter. Et puis, comment veux-tu relancer un clan alors qu'on a plus rien d'eux à part des racontars?

 

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